Article source Jeune Afrique avec AFP
Comme le journaliste Idrissa Barry quelques jours plus tôt, des militants du mouvement Servir et non se servir, qui avait récemment dénoncé des massacres de civils peuls à Solenzo, attribués à l’armée burkinabè et à ses supplétifs, ont été « enlevés et emmenés vers une destination inconnue » le 22 mars.
« Samedi 22 mars, quatre autres membres de la coordination nationale, dont deux mères de famille, ont été enlevés et emmenés vers une destination inconnue », a écrit le mouvement politique Sens (Servir et non se servir) dans un communiqué.
Mardi 18 mars, le journaliste Idrissa Barry, membre de la coordination nationale de Sens, était enlevé près de Ouagadougou, après que son mouvement a dénoncé des « vidéos insoutenables » de massacres de civils peuls à Solenzo (ouest) entre le 10 et le 11 mars, attribués à l’armée burkinabè et ses supplétifs civils sous couvert de lutte antijihadiste.
Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’État en septembre 2022, de nombreux cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire ont été rapportés à Ouagadougou et dans d’autres localités du pays.
Des massacres de civils attribués aux militaires et à leurs supplétifs ont plusieurs fois été dénoncés notamment par les populations locales, des associations et l’ONG Human Rights Watch (HRW). Selon ces sources, ces tueries ciblent souvent l’ethnie peule, discriminée car accusée de fournir le gros des troupes jihadistes, ou de collaborer avec eux.
Une enquête ouverte
La junte nie les tueries, mais la justice burkinabè a récemment ouvert une enquête en réaction aux multiples appels sur les réseaux sociaux à « l’extermination » d’une ethnie, qu’elle n’a pas citée. L’essentiel de ces messages visent la communauté peule. Le procureur du Burkina Faso a également lancé un appel à signaler les comptes concernés et leurs auteurs.
Les enlèvements des cinq militants de Sens, « ces actes violents et brutaux, visent d’abord à briser notre détermination puis à museler notre voix et enfin à installer la peur et le renoncement dans toute la société », a affirmé l’organisation. Le mouvement « dénonce fermement cette nouvelle vague de répression politique et appelle le gouvernement à plutôt empêcher les tueries d’innocentes populations au lieu de s’en prendre à ceux qui les dénoncent ».
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Il appelle également à « faire barrage à la dérive dictatoriale du MPSR2 », le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, organe dirigeant de la junte. Jeudi, HRW a demandé aux autorités burkinabè de libérer « immédiatement » le journaliste et militant politique Idrissa Barry. Le coordinateur national de Sens, l’avocat et figure de la société civile Guy Hervé Kam, a été victime de deux enlèvements, avant d’être inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour « complot. »
(avec AFP)